Être de retour en France

Bon ça va être l’article drama queen dans toute sa splendeur, mais ça me tenait à cœur de vous faire part de mon expérience en France. Je suis rentrée depuis maintenant un peu plus d’un mois, et on me demande souvent comment je me sens du coup. Ce qui est bizarre, c’est qu’on a pleins d’émotions en même temps.

Le plus évident, on est triste. Triste car on vient de quitter ses amis, ses proches, son appart, son quartier, sa ville, son starbucks, son whole foods, ses habitudes, enfin sa vie quoi.

Mais on est aussi soulagée, car (pour ma part), ce départ (ou ce retour, ça dépend dans quel sens on le prend), je l’ai voulu. Je sais que ce n’est pas le cas de tout le monde, mais je pense que pour le reste, ce qui se passe dans notre tête est un peu pareil ! On est soulagé car tout paraît plus simple. Plus besoin de réfléchir avant de prendre sa commande au resto, ce petit stress que le serveur ne va pas nous comprendre à cause de notre accent. On comprend les conversations de nos voisins sans efforts, plus de visa a gérer, plus de deadline. C’est ça qui soulage en fait. On peut rester, à cet endroit précis sans se dire que dans un an il faudra renouveler son visa, il faudra trouver un travail pour ne pas être exclu, que dans 6 mois machin part, que dans 3 mois il faut commencer telles ou telles procédures. Rien de tout ça. Bon après qu’on se le dise, y’a des procédures ici aussi. Mais on ne nous demandera jamais de partir.

Paradoxalement on est soulagé, au début, mais ça se transforme vite en stress. Car pour la première fois on n’a pas besoin de se soucier de « ça », et surtout il n’y a aucune « fin ». On ne peut pas se projeter car on n’a pas de date finale et on n’est plus habitué à ça. Bon ça, ça doit être mon côté stressé de nature aussi, ça aide pas. Mais du coup on est perdu, car on ne sait pas par où commencer. Et on est stressé parce qu’on est français, et parce qu’on vit à Paris. Alors on doit être stressé. C’est un peu mandatory en fait. En même temps, 5 minutes dans le métro suffisent à être énervé, stressé et épuisé. (Blague à part, j’ai fait comment pour survivre pendant 3 ans ?).

Oui et on parle un peu trop franglais pour nos amis français. (en vrai on le fait pas exprès hein).

Ensuite c’est le côté Calimero qui s’installe. On se sent exclu et incompris. Oui on a fait parti de cette vie, oui on savait exactement dans quelle rame se mettre pour être proche de la sortie, on revoit ses amis, on ressort aux mêmes endroits. Mais le problème c’est que rien n’a changé. Enfin si on a grandit toussa toussa. Mais c’est toujours les mêmes endroits, les mêmes problèmes, la même pluie, les mêmes trajets, les mêmes grèves. Sauf que nous pendant 1,2, 3 ans, on a connu autre chose. Mieux ou moins bien peut-être, mais autre chose. Du coup quand on revient, on a l’impression de revenir en arrière, mais de ne plus vraiment faire partie de tout ça. Car certes rien n’a changé, mais personne ne vous a attendu.

Alors oui j’étais déjà revenue plusieurs fois, mais c’était totalement différent. En dix jours pendant les Fêtes, c’est plutôt un marathon médical qu’un vrai retour aux sources.

Après m’être fait baptisée la Frenchy pendant plus de deux ans, je suis maintenant devenue l’américaine.

Du coup, c’est plus fort que nous, mais on compare. On compare tout. On compare le supermarché, on compare les gens, on compare le temps. On commence toutes nos phrases par « non mais là-bas on … » « Non mais là-bas c’est … ».

Du coup on te répondra « Bha c’est toi qui a voulu rentrer ». « Repars si t’es pas contente »
« Ca servait à rien de revenir alors, si c’est pour repartir »
« Tu nous a fait chier a vouloir partir et maintenant tu veux y retourner ? »

Oui je sais, c’est moi. Et je ne regrette pas. Ce retour m’a permis de réaliser beaucoup de choses, de faire le tri et de savoir ce que je voulais vraiment. Alors on a l’impression qu’on compare en permanence, que la France c’est nul mais que la bas c’est formidable. Du moins c’est comme ca que les gens le prennent.

Mais c’est pas ca le soucis. Evidemment qu’on compare. On vient juste de rentrer, on est perdu, on reprend ses habitudes.

C’est aussi là qu’on reprend conscience de la mentalité française. Oui je la connaissais, mais pas à ce point. Vous allez dire que j’exagère mais ça doit être mon côté américain qui ressort du coup. Les français ne sont pas ouverts d’esprit. Je sais que je fais des généralités et que c’est mal. Mais soyons honnête. Les français sont fermés. Je le savais, mais j’avais besoin de l’expérimenter de moi-même.

« Ah vous n’avez pas de Master ? »

Dès qu’on sort des cases, ça ne va pas. Dès qu’on a commencé quelque chose, on ne pourra jamais en faire une autre. C’est triste quand même. On a l’’impression d’être jugée car l’on n’a pas fait le même parcours que tout le monde. Evidemment là, ça paraît tragique et exagéré, et puis je balance un peu tout ça en vrac un dimanche après midi, du coup ça accentue un peu le côté drama-queen.

Evidemment tout le monde n’est pas dans cet état d’esprit là, et heureusement d’ailleurs. Beaucoup veulent aussi qu’on se sente bien en fait. Alors que ce soit ici, là-bas ou ailleurs, on se rend compte que ces personnes, elles seront toujours là.

Les gens ne se rendent pas compte non plus à quel point a énormément de chance d’être en France, d’avoir toutes ses aides, d’avoir une sécurité sociale, d’avoir une culture comme la notre, d’avoir une telle histoire enfin toussa toussa.

Chaque pays a ses avantages et ses inconvénients je l’ai toujours dit. Parfois il faut partir pour s’en rendre compte, pour peut-être mieux y revenir?

(Bon par contre, le Monoprix, c’est toujours aussi cool.)

10 Comments

  1. April 5, 2015 / 4:11 pm

    J’ai adoré lire cet article, bienvenue à la maison! ^^ <3

  2. April 5, 2015 / 6:13 pm

    Je te donnerai mes impressions dans quelques mois mais c’est exactement ce que je redoute, il est difficile de retrouver sa place après un long moment d’absence. Puis comme il nous arrive de comparer de la France à ici l’inverse se fait aussi naturellement.
    Et effectivement d’être au Canada m’a permis de réaliser la chance que nous avons tant au niveau de la culture ( qui manque cruellement ici) mais de toutes les aides qu’on a.
    Vivement cet été qu’on puisse papoter autour d’un verre de vin 🙂

  3. April 5, 2015 / 10:27 pm

    Un super article Caro que tu nous as écrit. Il est vrai que le temps que l’on a pas vécu réellement au-delà des frontières on ne se rend pas compte de toussa toussa (^-^). J’ai adoré lire ton aventure à LA et j’espère lire bien d’autres articles de toi. Et il est normal de comparer, même moi qui suis partie que 1 semaine à NY je compare, je suis tombé amoureuse de cette ville et j’espère un jour y faire ma vie, ce qui me fait peur c’est le visa et de trouver un emploi sur place.
    Merci de nous partager ton expérience et toutes ses merveilleuses photos via ton blog et ton IG.
    Bisous,
    Amandine

  4. Laure Kertez
    April 7, 2015 / 7:55 am

    I’ll never be back !!! NEVER !!! Mwahaha.

  5. April 7, 2015 / 8:38 am

    Mdr, tu m’as fait trop rire avec ton artcile ! C’est un peu “je veux des cheveux bouclés alors que j’ai les cheveux raides” et vise versa ! On est jamais content de ce que l’on a même si on l’a voulu ! Et puis ton retour est récent donc ça doit s’estomper avec le temps je pense 🙂
    Pleins de bisous
    Maéva

  6. April 8, 2015 / 9:32 am

    Courage ma belle.. J’imagine que ça doit être compliqué.. cela va prendre du temps pour te réadapter je pense.. Mais je suis là, à distance, et je partagerai tes joies, tes peurs et tes doutes avec plaisir!

    Pleins de bisous!
    Ines
    http://www.destinationlosangeles.fr

  7. Marine
    April 21, 2015 / 7:35 am

    Ton article m’a fait beaucoup rire car c’est exactement ça !!!
    Ton blog est vraiment super ! Moi aussi j’ai été à UCLA Extension et ça a été l’une de mes meilleures expériences !!
    Maintenant je ne veux qu une seule chose : repartir 😉

    • Caroline Szpira
      April 21, 2015 / 8:05 am

      Hello Marine! Super, tu y étais quand toi? Tu fais quoi de beau maintenant ? 🙂

  8. Alexandra AB
    April 26, 2015 / 7:49 am

    Pour être partie avec ISPA aussi mais sur là Grande Bretagne et avoir repris des études ici en rentrant le gros choc ça était la fac. Super fermée profs pas cools, etudiants qui te regardent de travers parce que t’as pas un parcours classique. Bref le retour n’est jamais facile mais je ne remercierais jamais assez Leslie et Marie-Laurence pour cette opportunité géniale !!
    Bon retour À toi Caroline !

  9. June 18, 2015 / 7:04 am

    Ton article retrace très bien la difficulté de revenir chez soi, même si cela peut paraître étrange pour ceux qui ne sont jamais partis.
    En tout cas je me retrouve totalement dans tes paroles, après un an en Australie et au Mexique je suis de nouveau en France depuis plus d’un an et ça m’arrive encore de me demander ce que je fais ici lol

    J’ai vu que tu étais de retour à LA est je suis très heureuse pour toi. Follow your dreams 😉

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